Le registre de Voulon

Les registres paroissiaux renferment de nombreuses petites curiosités historiques. Voulon ne faillit pas à cette règle.

Voici ce que l'on trouve à la fin de l'année 1748:

Voulon1748

pour les paresseux, en voici la transcription:

Le vingt trois décembre 1748 Madame Louise-elisabeth de france épouse de l'infant dom philippe d'espagne est arrivée au chateau de couhé et le lendemain vingt quatre elle est arrivée à poitiers elle a logé a l'éveché alors vacant par la mort de monseigneur jerome louis de fourras de courcenay. le sujet du voyage de cette princesse a eté la prise d possession des etats de parme plaisance et guastalla cedes a l'infant par le traitté de paris fait entre la france et l'espagne avec les cours de vienne, angletterre et hollande.

La fille du roi est passée à Voulon! l'événement est d'importance.

On peut supposer que le brave curé Mignon (c'est son nom) n'a dû voir passer qu'un long défilé de cavaliers sans même entrevoir la princesse dont les rideaux du carosse devaient être tirés à cause du froid.

On peut également se demander pourquoi il relate l'événement dans le registre des BMS. C'est que le l'évéché étant vacant, et comme le double du registre est envoyé au dit évéché, le nouvel évèque de Poitiers serait bien avisé de prendre à son service un clerc qui écrit aussi bien (sans faute d'orthographe, notons le) et qui s'y entend assez aux affaires des grands de ce monde.

Joseph Mignon ne se contentait pas de cela, il profitait également de la transmission des doubles des registres à l'évéché pour écrire la comptabilité de la cure

en voici un exemplaire pour l'année 1757

1757

s'il écrivait sans faute d'orthographe, le curé mignon semblait avoir plus de difficultés avec le calcul, j'ai essayé de refaire le total de ses recettes et je ne tombe pas sur le même résultat que lui, (il n'avait pas de calculette).

Arnaud Fourcade, grand érudit m'indique que le petit grigri qui ressemble au signe dièse de nos téléphones portables signifie LT abréviation de "Livre Tournoi", monnaie de compte de l'époque. Le S désigne le sol; une livre valait 12 sols.

Je n'ai pas d'équivalence monnétaire, mais si chaque parroisse de la vienne rapportait autant en proportion l'évèque de Poitiers devait disposer d'un bon pactole...